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CERF VOLANT
DU BOUT DU MONDE

Roger PIGAUD

Biographies
Filmographie

Ci-dessous trois biographies de cet acteur-réalisateur:

Aller directement à la seconde ou la troisième.

 

Il naît à Vincennes en 1919. Ses parents (son père est caissier aux Galeries Lafayette et sa mère est couturière) rêvent de voir Roger rentrer à l'École Normale d'instituteurs. Mais Roger Pigaut n'a aucun but en tête. Son tempérament romantique l'incite à faire l'école buissonnière. Il fait du sport et va au cinéma parce qu'il faut que le temps passe. Il échoue au concours d'entrée à l'école normale, mais il est reçu à son examen d'entrée dans les Chemins de Fer. On le nomme "Mineur non confirmé du groupe des facturations et statistiques de la division des magasins du P.L.M. à Bercy" (1937). Neuf mois de ce travail lui suffisent. Raymond Rouleau, au cours d'une audition, l'accepte à son cours de comédie, Roger Pigaut s'y intéresse sans se prendre au sérieux. Pourtant, chez René Simon, il donnera le plus de lui-même. C'est à cette époque qu'il découvre son ami de toujours :Serge Reggiani. Ils se présentent tous deux au concours du Conservatoire en 1939. Roger Pigaut en sort premier ; Serge Reggiani second. Au début de la guerre de 1940, Roger Pigaut gagne sa vie en vendant Paris-Soir à Toulouse. Il gagne deux sous par journal. L'actrice Hélène Tossis lui fait obtenir quelques contrats à la radio. Il fait quelques tournées en zone libre avec Le Cid, L'Arlésienne. Il crée Les hauts de Hurlevent, adapté et monté par Marcel Duhamel. C'est à Nice en 1942, qu'il entre dans le monde du cinéma. Il fait de la figuration dans Félicie Nanteuil, de Marc Allégret, aux studios de la Victorine. Marcel Achard le prend sous sa protection et lui ouvre les portes du cinéma à Paris. Pigaut devient le partenaire de Renée Saint-Cyr dans Retour de flamme. Claude Autant-Lara lui fait jouer Douce, avec Madeleine Robinson et Odette Joyeux. Daquin l'engage pour Premier de cordée. Christian Jaque pour tenir le rôle d'un jeune bûcheron dans Sortilèges. Pigaut tourne ensuite Nuit d'alerte, L'invité de la onzième heure, La rose de la mer. Alors qu'il est en tournée en Amérique avec Fernand Ledoux et une troupe de comédiens, Jacques Becker le rappelle d'urgence à Paris pour tourner Antoine et Antoinette avec Claire Mafféi. Roger Pigaut est devenu une vedette commerciale. Lacombe lui fait tourner Les condamnés. Calef Bagarres, et Blistène Rapide de nuit. Malgré cette activité, Roger Pigaut n'a pas d'assurance et n'a pas vaincu sa timidité. Un succès l'étonne toujours et si on lui fait un compliment, il le tourne toujours à son désavantage. Quand on lui dit, par exemple, qu'il était excellent dans Douce, il répond : "on dirait que je joue bien. En fait, je suis crispé parce que je ne sais pas jouer et j'ai de la chance. C'était un rôle crispé que je devais tenir."Encouragé par Jacques Becker à embrasser la mise en scène, Roger Pigaut abandonne le rôle d'acteur et réalise son premier long métrage, Le cerf-volant du bout du monde, après avoir fondé avec des amis de toujours une société d'acteurs.

Roger Marc Thérond Ecran français n°164-165 (18 janvier 1947)

 

 

Il est né à Vincennes, en 1919, d'un père caissier aux Galeries Lafayette et d'une mère couturière. Pour répondre à l'incitation de ses parents, il tente le concours de l'École Normale d'Instituteurs. Mais ses inclinations vont davantage au sport et au cinéma, et il échoue. En revanche, en 1937, il est admis aux Chemins de fer, dans le service des facturations et statistiques du PLM à Bercy. Il y reste neuf mois. Il suit les cours de comédie de Raymond Rouleau, puis ceux de René Simon. Il y fait la connaissance de Serge Reggiani qui deviendra l'un de ses meilleurs amis. Et c'est ensemble qu'ils se présentent au Conservatoire : Roger Pigaut en sort premier et Serge Reggiani, second ! C'était en 1939. Durant l'Occupation, il passe en zone libre, vend des journaux à Toulouse, fait quelques émissions radiophoniques et participe à des tournées théâtrales : il joue " Le Cid ", " L'Arlésienne ", et crée " Les Hauts de Hurlevent " d'Emily Brontë, adapté et monté par Marcel Duhamel. Il découvre le cinéma aux studios de la Victorine, à Nice, où il fait de la figuration dans Félicie Nanteuil de Marc Allégret. Mais c'est Marcel Achard qui le présente à Henri Fescourt sous la direction duquel il tourne son premier film, Retour de flamme (1942). Il y tient, aux côtés de Renée Saint-Cyr, le rôle principal : un jeune et séduisant ingénieur qui sacrifie tout à la réussite de son invention... La même année, Claude Autant-Lara lui confie le rôle de Fabien Marani, régisseur dans une famille noble, à la fin du XIXe siècle, à Paris. La jeune fille de la maison, Douce, interprétée par Odette Joyeux, s'éprend de lui, mais découvre en la personne de son institutrice, Madeleine Robinson, une dangereuse rivale. Ces amours tragiques mettant à jour l'implacable affrontement des classes sociales lui donnent l'occasion de tenir l'un de ses meilleurs rôles. Il enchaîne ensuite plusieurs films : Premier de cordée (Louis Daquin), Sortilèges (Christian-Jaque), Nuits d'alerte (Léon Mathot), L'Invité de la onzième heure (Maurice Cloche), La Rose de la mer (Jacques de Baroncelli). Au sortir de l'Occupation, c'est un acteur renommé dont la valeur commerciale est recherchée. Alors qu'il assure une tournée théâtrale aux États-Unis avec Fernand Ledoux, il est rappelé d'urgence par Jacques Becker pour interpréter le personnage d'Antoine dans son prochain film : Antoine et Antoinette. Sa séduction et sa beauté ténébreuse convenaient parfaitement à ce personnage taraudé par un sentiment de culpabilité. En 1947, il retrouve Madeleine Robinson pour former un couple tragique dans Les Frères Bouquinquant de Louis Daquin. Puis c'est à nouveau un rôle d'amant séduisant qu'il incarne aux côtés de Maria Casarès dans un milieu de paysans cupides (Bagarres, de Henri Calef, en 1948). En 1951, il interprète deux " remakes " : dans La Maison dans la dune, il reprend le rôle qu'avait interprété Pierre Richard-Willm sous la direction de Pierre Billon en 1934, un contrebandier trahi puis sauvé par sa maîtresse ; dans L'Agonie des aigles, il apparaît sous les traits du Colonel de Montander, fomentant sous la Restauration l'avènement de Napoléon I I, rôle qu'avait tenu Pierre Renoir dans la version de Roger Richebé en 1933. Notons qu'une adaptation muette du roman de G. d'Esparbès avait été réalisée par Bernard Deschamps, en 1921. En 1952, il se bat pour une belle gitane (Tilda Thamar) dans un conflit qui oppose des éleveurs camarguais à des planteurs de riz (La Caraque blonde), puis complote contre l'Empereur Justinien qui s'est imprudemment amouraché d'une danseuse (Théodora, Impératrice de Byzance). Sacha Guitry lui confie en 1954 le rôle de Caulaincourt dans son Napoléon. Et il tourne à nouveau, en 1955, avec Georges Lacombe, un rôle d'amant aux côtés de Brigitte Bardot (La Lumière d'en face). Malgré son expérience et sa carrière, il a conservé une certaine fragilité, une certaine timidité qui en ont fait un acteur attachant et authentique. Lorsqu'un critique lui faisait remarquer qu'il était excellent dans Douce, il lui répondit : " On dirait que je joue bien. En fait, je suis crispé parce que je ne sais pas jouer et j'ai eu de la chance. C'était un rôle crispé que je devais tenir ! " C'est à 39 ans que cet acteur sympathique et très apprécié décide, sur les conseils de Jacques Becker, de mettre fin à sa carrière d'acteur pour passer derrière la caméra (il tournera cependant à nouveau un rôle, en 1978, dans Une Histoire simple de Claude Sautet). Il réalisera quatre films entre 1958 et 1975 : Cerf-volant du bout du monde et trois " polars ". Il y fait preuve d'une parfaite maîtrise technique et surtout se révèle un remarquable directeur pour des acteurs qui comptaient parmi les plus célèbres de l'époque. Particulièrement, Comptes à rebours (1970) rassemble sur un même plateau, outre son ami Serge Reggiani, Michel Bouquet, Jeanne Moreau, Simone Signoret, Charles Vanel, Jean Desailly et Marcel Bozzuffi. C'est l'histoire de François Nolari (Serge Reggiani), un malfrat trahi par ses complices qui, après dix ans de prison, cherche à se venger de ses anciens amis maintenant rangés. Poursuivi par un détective (Michel Bouquet), il retrouve son ancienne maîtresse (Jeanne Moreau) qui entre-temps a épousé un médecin (Jean Desailly). Celui-ci se révélera le véritable coupable. La qualité exceptionnelle des acteurs sauve un scénario par trop conventionnel. Il retrouve une partie de cette distribution avec son film suivant. Reggiani, Bouquet, Bozzuffi et Bernard Fresson montent un vol de bijoux exposés dans un building de la Défense pour escroquer la compagnie d'assurance et récupérer chacun une somme... dérisoire ! Amusant et remarquablement joué, Trois Milliards sans ascenseur s'avère un film d'agréable divertissement. De même son dernier film, Le Guêpier, avec Claude Brasseur et Marthe Keller. Mais c'est sans doute Cerf-volant du bout du monde qui restera l'œuvre majeure de cet acteur et cinéaste qui fit ensuite une honorable carrière de réalisateur à la télévision, jusqu'à sa mort en 1989.

Roger PIGAUD avec Romy Schneider

Taillé tout d'une pièce dans le bois noueux dont on fait les aventuriers de cinéma, Roger Pigaut véhiculait l'image abrupte et peu amène du jeune mâle prêt à en découdre. Une sorte d'Errol Flynn sans moustaches, comme l'écrivait un confrère. De Cartouche avant Belmondo. Avec ses cheveux frisottants, son regard de conspirateur et ses lèvres d'une minceur extrême, il dégageait une froideur qui convenait on ne peut mieux à ses personnages de jeunes premiers, dans les années 40. Pas très différent, au fond, d'un Serge Reggiani, qui sera son parrain dans la profession et son ami jusqu'à la mort. Mais cette fidélité à un genre trop compromis avec un style et une époque lui vaudra, dès que la Nouvelle vague déferlera sur le cinéma français, une longue traversée du désert, dont il émergera, heureusement, grâce à la télévision et, surtout, à la mise en scène. Ce sera le dernier pied de nez de cette " grande gueule ", dont les fidèles du personnage d'Angélique, marquise des Anges, se souviendront pour avoir été le pirate d'Escrainville. Roger Pigaut devait en effet tirer sa révérence pendant le tournage de " Coma dépassé ".
Né Pigot, à Vincennes, le 8 avril 1919, Roger Pigaut était le fils d'une couturière et d'un caissier aux Galeries Lafayette. Son milieu ouvrier ne l'encourage pas à la vie d'artiste d'ailleurs il n'y pense pas encore vraiment, mais ses parents le voient volontiers instituteur. Encore faut-il la tête aux études, ce que l'adolescent n'a pas. Après avoir raté son examen d'un quart de point, il entre dans l'Administration des chemins de fer et y reste neuf mois, le temps de tomber malade et de donner sa démission. C'est ensuite la vie de bohème et les premières curiosités qu'il ressent pour l'aventure théâtrale. Non qu'il se croie appelé à brûler les planches, mais, comme métier, c'est plus gai.
En 1936, à 17 ans, on le retrouve ainsi au prestigieux cours d'art dramatique animé par Raymond Rouleau, où il se lie d'amitié avec Serge Reggiani. Pourtant, malgré les encouragements personnels de son nouvel ami et de Raymond Rouleau, il doute de ses capacités artistiques et va chercher confirmation auprès de René Simon et de Gabrielle Fontan, qui l'invitent d'emblée à entrer au Conservatoire, toujours précédé de son ami Reggiani. Contrairement à une légende, il n'y obtiendra pas le premier prix, dans la mesure où la guerre et la débâcle viendront interrompre ses études.
En 1940, Roger Pigaut se trouve à Toulouse, sans argent. II vend des journaux à la criée, lorsqu'il tombe sur la comédienne Hélène Tossis, rencontrée jadis à Paris, qui lui obtient quelques engagements à la radio. II enchaîne avec des tournées théâtrales en zone libre et crée " Les hauts de Hurlevent ", adapté par Marcel Duhamel. Sa chance sera sa rencontre avec le dramaturge Marcel Achard, qui, en 1942, l'invite à monter à Paris et à faire du cinéma. Ainsi commence sa carrière, avec " Douce " et " Retour de flamme ". Viril et jouant dans le registre populaire, il se hisse rapidement en haut de l'affiche. Mais, en 1943, un accident de montagne en cours de tournage le contraint à renoncer au rôle vedette de " Premier de cordée ".
La Libération le retrouve en Amérique du Sud, pour une tournée théâtrale de plusieurs mois. Il est au Pérou lorsque Jacques Becker lui offre le rôle principal d'" Antoine et Antoinette ; chronique d'un couple d'ouvriers, qui obtiendra le prix du film psychologique et d'amour au Festival de Cannes de 1947. Dans la foulée, il tourne " Les frères Bouquinquant ", d'inspiration populaire, où, au personnage vil et brutal incarné par Albert Préjean, il oppose la droiture et l'honnêteté du travailleur. Treize ans avant Jean-Paul Belmondo, il sera aussi un fougueux Cartouche, le brigand qui fit trembler Paris sous la Régence.
Mais le temps burine son visage et alourdit sa silhouette, le privant bientôt des rôles de jeunes premiers qui constituaient son fonds de commerce. Et comme la petite dizaine de films qu'il tournera encore, dans les années 50, ne relèvent pas du chef d'œuvre, son nom glissera petit à petit au second plan des préoccupations des producteurs, jusqu'à ce qu'on le perde totalement de vue après " La lumière d'en face ", où il est pourtant le partenaire de Brigitte Bardot. Roger Pigaut, pour sa part, expliquait sa soudaine disparition par un quiproquo. Comme il avait manifesté le désir de faire de la mise en scène, on en aurait erronément déduit qu'il voulait abandonner le métier d'acteur.
Faute d'offres, il prépare, pendant deux ans, son premier film, avec l'ami Reggiani. Première collaboration cinématographique franco-chinoise, ce conte pour enfants ne connaîtra pourtant qu'un modeste succès d'audience. Mais son échec n'empêchera pas Pigaut de poursuivre dans la réalisation, malgré des retours sporadiques devant les grands et, surtout, les petits écrans. En 1970, après dix ans d'une relative éclipse et toujours avec Serge Reggiani, il fait enfin l'expérience du succès commercial avec " Comptes à rebours ". Deux ans plus tard, il remet le couvert avec " 3 milliards sans ascenseur ", avant de s'investir davantage dans la mise en scène de feuilletons populaires pour la télévision.
Mais le chêne n'était pas roseau, et c'est assez soudainement que Roger Pigaut décédera des suites d'une crise cardiaque, le 24 décembre 1989, à Paris, âgé de 70 ans à peine.


Avec Noël Rocquevert.

Sa filmographie

Acteur

1942 Retour de flamme (Henri Fescourt)
1943 Douce (Autant-Lara)
1944 Sortilèges (Christian-Jaque)
1945 Nuits d'alerte (Léon Mathot) L'invité de la onzième heure (Maurice Cloche)
1946 Antoine et Antoinette (Jacques Becker) La Rose de la mer (Jacques de Baroncelli)
1947 Les Frères Bouquinquant (Louis Daquin) Les Condamnés (Georges Lacombe)
1948 Cartouche (Guillaume Radot) Rapide de nuit (Marcel Blistène) Bagarres (Henri Calef) Vire-vent (Jean Faurez) 1950 La Peau d'un homme (René Jolivet) Un Sourire dans la tempête (René Chanas)
1951 Chicago-Digest (Paul Paviot) La Maison dans la dune (Georges Lampin) L'Agonie des aigles (Jean Alden-Delos)
1952 La Caraque blonde (Jacqueline Audry)
1953 Théodora, impératrice de Byzance (Riccardo Freda) Le Comte de Monte-Cristo (Robert Vernay) Les Amours de Manon Lescaut (Mario Costa)
1954 Napoléon (Sacha Guitry)
1955 La Plus Belle des Vies (Claude Vermorel) La Lumière d'en face (Georges Lacombe)
1978 Une Histoire simple (Claude Sautet)

Réalisateur

1958 Cerf-volant du bout du monde
1970 Comptes à rebours
1972 Trois Milliards sans ascenseur
1975 Le Guêpier